Sadocapitalisme – Préface à « Sexe, capitalisme et critique de la valeur »
Traduction française de la préface à l’édition en castillan du livre Sexe, capitalisme et critique de la valeur[1] La version en castillan de cette introduction est aussi reproduite ci-dessous.
« Que vient faire le marquis de Sade au milieu d’une crise comme celle-ci ? » Voici la question qui pourrait assaillir le lecteur - et peut-être, surtout, la lectrice - au moment d’ouvrir ce livre. L’Europe devient l’épicentre de la crise du capitalisme mondial. Une crise profonde et multiforme, turbulente, à l’issue incertaine : crise économique, sociale, écologique, politique et institutionnelle, crise de la civilisation... Des décennies de politiques néolibérales de déréglementation ont accumulé les conditions du plus grand conflit entre les classes sociales depuis la Seconde Guerre mondiale. Toutes les réalisations, tous les paramètres de l’État-providence – sous lesquels ont grandi déjà plusieurs générations - sont menacés. Le rêve d’un havre de droits sociaux et de démocratie vole en éclats par la cupidité des marchés financiers. Abasourdi, le public constate que les institutions représentatives, les parlements et les gouvernements, ne sont que des théâtres d’ombres. La démocratie politique a été littéralement kidnappée par les conseils d’administration des plus puissantes banques et sociétés multinationales. Au milieu d’une déstabilisation croissante, qui plonge des pays entiers dans la ruine et approfondit les inégalités sociales, l’Europe voit réapparaître ses vieux démons.