La révolte étudiante bouscule le pouvoir en Albanie
Par Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin (Mediapart)
Jamais les universités albanaises n’avaient connu de telles mobilisations. La hausse annoncée des droits d’inscription a fait exploser une colère sociale protéiforme. La contestation étudiante remet en cause non seulement la démocratie bloquée par le clientélisme, mais aussi les politiques néolibérales appliquées par les principaux partis.
Tirana (Albanie), correspondance. - Tout a commencé le 4 décembre à la faculté d’architecture et d’urbanisme de Tirana, mais dès le lendemain, 15 000 étudiants manifestaient dans les rues de la capitale albanaise, avant que le mouvement ne s’étende aux autres villes du pays. L’introduction de frais spécifiques pour l’inscription aux examens de rattrapages a servi de déclencheur à l’expression d’une colère qui couvait depuis longtemps.
Très vite, les revendications se sont élargies, les étudiants réclamant une baisse des droits universitaires – dont le montant varie actuellement de 160 à 2 560 euros par an, dans un pays où le salaire moyen atteint péniblement 350 euros par mois. Ils exigent aussi une augmentation du budget public de l’éducation, des investissements dans les laboratoires et les bibliothèques, une rénovation des universités et des résidences étudiantes, une plus forte représentation des élèves dans les instances universitaires ou encore la démission des enseignants corrompus. Le 11 décembre, plus de 20 000 étudiants étaient rassemblés devant le ministère de l’éducation pour la plus grande manifestation qu’ait connue l’Albanie depuis la chute du régime stalinien, en 1991.